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Allemagne du Nord Comment les grands troupeaux allemands résistent-ils à la crise ? (partie 1/2)

Les bâtiments allemands sont d'une simplicité déconcertante : 2*3 rangées de logettes, un toit généralement photovoltaïque et des filets brise-vent à la place des murs. (©Terre-net Média)

Comme dans le reste du monde, les grands troupeaux laitiers d’Allemagne du Nord subissent la crise laitière de plein fouet, mais ils résistent, notamment grâce à des charges de structure minimales et la méthanisation. Le BTPL a organisé en mai dernier un voyage d'étude en Allemagne et en a tiré quelques enseignements pour bien raisonner l’agrandissement des troupeaux.

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La visite de deux grandes exploitations laitières d’Allemagne du Nord ayant un passé assez similaire a permis  d’identifier les caractéristiques de ces fermes avec deux mots d’ordre : simplicité et  rigueur.

C’est au moment de la chute du mur de Berlin, que les deux chefs d’exploitation ont fait le choix de vendre leur exploitation entre 80 et 100 vaches en Allemagne de l'Ouest, pour développer des projets beaucoup plus importants en Allemagne du Nord.

La première exploitation compte 1 800 vaches, 20 millions de litres et 1900 ha de surface,  la seconde, près de 600 vaches et 1200 ha. Elles font partie du réseau European Dairy Farmer , animé en France par le Bureau technique de la promotion laitière (BTPL).

Le BTPL est allé à la rencontre d'éleveurs allemands du réseau d'échange European Dairy Farmers (EDF) (©BTPL)
 

Efficacité, rentabilité, sécurité

Les deux  troupeaux visités nous ont marqués par le calme qui régnait dans les bâtiments et le bon état de santé des animaux. Les performances techniques sont tout à fait honorables pour des troupeaux de cette taille : 9 500 litres de lait pour un troupeau, 10 500 litres pour l'autre.

Les deux managers nous ont cependant précisé que la performance animale n’était pas une fin en soi. Leurs priorités sont avant tout l’efficacité, la rentabilité et la sécurité.

 Des salariés plutôt que de l’automatisation

Plutôt que de miser sur la robotique et l’automatisation, ces deux exploitations font principalement appel à de la main-d'œuvre salariée. L’organisation du travail est très rationnelle, et le fonctionnement au quotidien bien réfléchi :

Le coût de la main d’œuvre est compris entre  8,5 et 15 €/h brut selon le niveau de qualification et la concurrence non agricole locale, avec 180h par mois de travail par mois (40 heures par semaines) et 24 jours de congés annuels. Les deux chefs d’exploitation trouvent de moins en moins facilement de la main-d’œuvre pour assurer la traite durant la nuit, notamment en raison des offres d’emploi bien rémunérées et proposées par les industries de la région.

Une conception de bâtiment simple

Les vaches laitières couchent sur logettes creuses remplies d’un mélange (paille-chaux-eau) fait régulièrement à l’aide d’une mélangeuse. Ce système se prête bien à la méthanisation des lisiers. (©Terre-net Média)

Sur les deux exploitations, les bâtiments sont construits sur le même modèle : une table d'alimentation centrale permettant d'avoir de chaque côté deux à trois rangées de logettes, pas de mur mais des filets brise-vent afin de pouvoir réguler les entrées d'air. Le volume d’air est important, et les  pentes de toit bien supérieures à nos classiques 26 %.

Dans ces deux exploitations, un bâtiment spécifique regroupe le logement des vaches taries, des vaches en préparation au vêlage, les cases de vêlage et les vaches en début de lactation. Cela garantit tous les soins nécessaires autour de cette période à risques (modèle "Signe de vache"). Les vaches fragiles ou en difficulté ont aussi accès à ce bâtiment.

Un bâtiment est consacré à la période autour du vêlage (tarissement jusqu'au début de lactation) et à l'infirmerie. (©Terre-net Média)

La traite est réalisée dans des installations de traite classiques et simples :

Salle de traite 2x24 postes avec pulsateurs en sous-sol. (©BTPL)

Ces salles de traite sont conçues avec une cave en dessous où sont installés les pulsateurs et les pompes afin de limiter le bruit et de proposer un lieu de travail lumineux et agréable. C’est aussi un choix de rentabilité. Les deux élevages ont exclu les robots en raison des coûts.

Les veaux sont systématiquement logés les premières semaines en niches individuelles à l'extérieur. (©Terre-net Média) 

Deux tiers d’ensilage d’herbe

Dans les deux exploitations, l’alimentation repose sur  une ration complète composée au 2/3 d’ensilage d’herbe, de prairies naturelles et de prairies temporaires, pour 1/3 d’ensilage de maïs. La complémentation se fait à base de matières premières soja - colza - coque de soja - maïs grain et céréales. Une attention particulière est portée à l’alimentation des vaches taries et en préparation vêlage, qui sont logées dans des bâtiments spécifiques.

Maitriser les charges de structure

Les deux chefs d’exploitation rencontrés ont réalisé des investissements progressifs :

- Avant 1990 : des exploitations en Allemagne de l’Ouest

- Après 1990 : deux phases

- Des investissements raisonnés :

Les  unités de biogaz ont été construites il y a plus de 10 ans. (©Terre-net Média)

Seulement six tracteurs pour près de 2000 hectares et 1800 vaches ! Le reste est fait par une entreprise. (©Terre-net Média)

Que ce soit pour la traite ou le matériel, le salariat permet de mieux valoriser de tels investissements. Sur ces deux exploitations, le  prix d’équilibre avoisine les 300 €/ML. Pour un prix du lait livré en mai 2016 à :

Soigner son image

Etant donné la taille de ces fermes, les deux éleveurs cultivent les relations de bon voisinage et insistent sur la nécessité d’avoir un élevage très propre, non bruyant, donnant une bonne image au monde non agricole. Ainsi, l’un organise une porte ouverte et une fête sur son élevage pour plus de 300 personnes, l’autre s’implique dans la vie locale (pompier, conseil municipal, …), fauche et déneige pour la commune, participe à l’organisation de la fête du village. La démarche est volontaire et continue.

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